Les aventures de Marilou au pays de la choucroute
His initials SG, concert, samedi 10 juin, 22h, Temple réformé
Enorme challenge que de reprendre des morceaux de Gainsbourg. Burger et Meteor Band ont choisi de dévider le fil de L'homme à tête de chou, l'album de 1976 narrant la tragique histoire de Marilou, shampouineuse de nos rêves. Ils en ont donc conservé la trame et à peu près toutes les chansons dans l'ordre, entrecoupées par des interventions des guests (Fred Poulet, Mick Harvey, Jacques Higelin et Daniel Darc) qui reprenaient eux des titres d'autres albums. Ci-dessous, une étude comparative entre la play-list (à gauche) et l'intégralité des chansons de l'album de Gainsbourg (à droite).
L'homme à tête de chou
Chez Max coiffeur pour hommes
Marilou reggae
Transit à Malibu
Flash-Forward
Aéroplanes
Premiers symptômes
Ma lou Marilou
Variations sur Marilou
Meutre à l'extincteur
Marilou sous la neige
Lunatic Asylum
C'est en partie cette structure du concert qui - à mon sens - a provoqué des baisses de régime dans un ensemble très réussi. Les guests avaient plutôt bien choisi leurs contributions: à Mick Harvey la partie anglophone de Gainsbourg, à Fred Poulet le dandisme, à Daniel Darc Dieu et le costume de l'évadé, à Higelin les ballades et le rôle de l'instituteur! Pourtant les relais ne se sont pas toujours bien négociés, Higelin notamment, un peu cabotin, a sapé le duo avec Fred Poulet sur En relisant ta lettre. Ce dernier s'en est bien sorti mais aurait pu pousser encore plus loin son interprétation des morceaux, comme il le fait si bien dans son propre répertoire.
Malgré tout, ça a groové sec au Temple réformé ce soir-là. (Admirons au passage les autorités religieuses qui ont permis de dévouer ce lieu de culte à celui qui taxait Dieu de fumeur de havanes). Rodolphe chantait vraiment, proportionnellement beaucoup plus que d'habitude, et jouait beaucoup moins de guitare. Il affrontait les chansons, se les appropriait. Ce qui a fait dire à Lili, sa maman: "Maintenant je sais que mon fils peut chanter aux réunions de familles!" Plus sérieusement, ce décalage de la balance voix/guitare a laissé une place plus importante à la basse de Marco de Oliveira, au clavier (?) et aux platines électro de Lionel et Pierre. Cet équilibre était particulièrement juste par rapport à l'univers de L'Homme à tête de chou, grouillant de grommelements tribaux et de borborygmes ésotériques samplés. Leur rythmique, soutenue à la batterie par Hervé Loos, faisait avancer implacablement les morceaux. Le concert a culminé avec la version de Variation sur Marilou, qui a déchaîné scène et salle confondues. (Un extrait vidéo ci-dessous.) Malgré que la scène n'aie pas eu l'air horizontale aux pieds de Daniel Darc, les rappels ont été particulièrement euphoriques, le public debout dans l'allée centrale, reprenant en choeur Les papillons noirs. Anthony vous en dira certainement plus que moi et complètera ce premier aperçu dans un prochain message ou commentaire.